TITRE + n'a point tant de fleurs
L'automne tant de raisins meurs
L'été tant de chaleurs halées
L'hiver tant de froides gelées
Que je porte au cœur, ma maîtresse,
Pour vous de peine et de tristesse..
Salut, bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards.
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres,
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Toi qui fleuris ce que tu touches
Qui, dans les bois, aux vieilles souches
Rends la vigueur,
Le sourire à toutes les bouches,
La vie au coeur,
Fais naître un renouveau suprême
Au cœur des morts.
Le sol trempé se gerce aux froidures premières,
La neige blanche essaime au loin ses duvets blancs,
Et met, au bord des toits et des chaumes branlants
Des coussinets de laine irisés de lumières.
Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
En l'or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
Et, consumant l'encens sur ta joue ennemie
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.
Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
Elles voudraient aller où les oiseaux s'envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin ;
Elles iront mourir sur les étangs demain.
Oh ! c'est fini, fini ! longuement le vent râle
Tout est jaune et poussif ; les jours sont révolus ;
La Terre a fait son temps ; ses reins n'en peuvent plus.