Le jour se lève sur ma banlieue
J'ai froid c'est pourtant pas l'hiver
Qu'est ce que je pourrai foutre nom de Dieu
J'ai pas un rond et j'ai pas l'air
sérieux, sérieux
Maintenant j'ai plus envie de causer
Tu devrais déjà avoir compris
Qu'on est pas né du même côté
De la bourgeoisie.
Arrête une minute de chialer
Tu vois quand même que je ne t'oublie pas,
Je te téléphone en PCV
De Nouméa.
Toute façon t'en fais pas
M'avaient dit les copains
Des nénettes il y en aura
Beaucoup plus que des mecs
Le quart d'heure américain
Ca va tripoter sec.
Des filles il y en avait que douze
Pour quatre vingt poilus
Ça sentait bon chez elle
L'herbe et le patchouli
Le parfum des poubelles
Au petit matin gris.
On buvait de la bière
Et du thé au jasmin
Assis en rond par terre
Sur un tapis indien.
Dans un coin de ma tête
Il y a déjà ton trousseau
Un jean une mobylette
Une paire de Santiago.
T'iras pas à l'école
Je t'apprendrai des gros mots
On jouera au football
On ira au bistrot.
Faut que je retire mes grolles quand je rentre dans la chambre
Du petit rossignol qu'elle couve
C'est que son petit bonhomme qui arrive en décembre
Elle le protège comme une louve.
Ses chansons sont des pavés
Des brûlots
Qui donnent des ailes aux marmots
Sa musique a fait rouiller
Les barbelés
Et scié bien des barreaux
A Soweto, dans le ghetto
Puis au bout du couloir
Y a la piaule à mon pote
Où vivent ses guitares
Son blouson et ses bottes
Sa collec' de bédés
Et au milieu du souk
Le mégot d'un tarpé
Et un vieux Newlook
Trenet vient nous chanter une « Folle Complainte »
Cependant que Verlaine et Rimbaud, à l’absinthe
Se ruinent doucement en évoquant Villon
Qui rôde près du bar et des mauvais garçons